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V�ronique Long, M�c�nes des deux mondes. Les collectionneurs donateurs du Louvre et de l�Art Institute de Chicago 1879-1940

V�ronique Long, M�c�nes des deux mondes. Les collectionneurs donateurs du Louvre et de l�Art Institute de Chicago 1879-1940, Presses universitaires de Rennes (Art & Soci�t�), 2007, 243 p.

L�ouvrage de V. Long, version remani�e d�une th�se de doctorat sous la direction de Christophe Charle (Univ. Paris-I, 2003), rel�ve � la fois de l�histoire de l�art, de l�histoire culturelle et de la sociologie, et se situe � la crois�e des �tudes sur le ph�nom�ne mus�al et sur l�histoire des �lites sociales, dans le prolongement aussi des travaux plus r�cents sur la collection priv�e (initi�s par K. Pomian et A. Schnapper, ils font maintenant l�objet d�un programme de recherche de l�INHA, et ont notamment donn� lieu au volume collectif Collections et march� de l�art en France 1789-1848, dir. Monica Preti-Hamard et Philippe S�n�chal, publi� aux PUR en 2005, dans la m�me collection �  Art Soci�t�  �, �l�gante dans sa mise en page et soigneusement illustr�e). L�angle d�approche est ici bien pr�cis  : la pratique de la collection est envisag�e dans ses liens avec le ph�nom�ne sp�cifique de la donation au mus�e, � propos de deux �tablissements distincts, le Louvre et l�Art Institute de Chicago. V. Long justifie cette perspective comparatiste dans son Introduction. Certes, il s�agit l� de mus�es bien diff�rents, install�s dans deux villes de statut oppos�, �  une capitale politique aux fonctions culturelles anciennes  � d�une part, �  une m�tropole �conomique r�cente  � d�autre part (p. 13). Mais le rapprochement se justifie par le transfert culturel qui s�op�re pour la p�riode concern�e. Paris est en effet un mod�le pour Chicago, �  seconde ville des �tats-Unis, poumon industriel et financier du Midwest, m�pris�e par sa rivale new-yorkaise qui voit en elle la ville des abattoirs, des " p�quenauds" et du porc  � (p. 13). La ville entre alors dans une phase d�intense �  rattrapage  � culturel  �  l�Exposition universelle de 1893 lui apporte un renom international et sert de catalyseur pour la cr�ation d��quipements culturels et d��tablissements publics  � (p.  14), au point qu�elle peut �tre compt�e, au d�but du XIXe si�cle, au rang des grandes capitales culturelles (importance du brassage interculturel, des �changes intellectuels, de l�innovation artistique). La comparaison permet ainsi l�interrogation sur la similitude des pratiques, sur fond de repr�sentations divergentes  : � la fascination des �lites am�ricaines pour Paris, que justifie notamment la renomm�e du Louvre et l�ouverture internationale du march� de l�art parisien  (seul le march� londonien, par sa taille, peut rivaliser avec lui, alors que  �  la client�le des galeries new-yorkaises reste avant tout am�ricaine  �, p. 13), r�pond d�abord le d�nigrement fran�ais, qui  raille l�absence de go�t et de culture  d�une soci�t� apparemment sans classes, o� priment les pr�occupations �conomiques, et o� l�acc�s � l�art pour le plus grand nombre est plus souvent per�u comme une d�faillance structurelle que comme la marque d�un progr�s social et d�un �largissement d�mocratique. Ces divergences, d�abord sensibles sur le plan des mentalit�s, permettent de mieux faire sentir la sp�cificit� des deux types d�institutions artistiques que sont le mus�e �tatique fran�ais et la fondation priv�e am�ricaine. Le Louvre, mus�e d�art ancien, p�tit d�une lourdeur administrative h�rit�e du Second Empire, d�une insuffisance des cr�dits d�acquisition, d�une rigidit� de la comptabilit� publique. L�Art Institute, n� en 1879 sur les cendres d�une Acad�mie de dessin, dont il tire son nom et sa vocation p�dagogique, est issu de l�initiative priv�e d�un groupe d�hommes d�affaires  � la diff�rence du Louvre, il est susceptible d�accueillir �galement �uvres anciennes et art contemporain (rel�gu�, � Paris, au mus�e du Luxembourg)  il �  lutte conte la sp�cialisation  � et se d�finit, � la mani�re de nombreux autres mus�es am�ricains, comme un �  mus�e de culture g�n�rale  � (p. 16).

Au-del� de cette d�marche comparatiste, si fructueuse en termes d�imagologie, V. Long s�efforce, � partir d�une �tude prosopographique de plus de trois cents collectionneurs donateurs parisiens et chicagolais, d�esquisser un panorama plus g�n�ral des collections et des collectionneurs europ�ens et am�ricains, de la fin du XIXe si�cle jusqu�� la Seconde Guerre mondiale, apr�s laquelle le march� de l�art conna�t des transformations consid�rables. Dans la Premi�re Partie (�  G�n�alogie des collections et stratigraphie des collectionneurs donateurs  �), elle �tudie le statut socio-professionnel des collectionneurs-donateurs du Louvre et de l�Art Institute, elle examine leur formation, le poids des sociabilit�s et des r�seaux d�influence (cercles d�amateurs, liens avec les artistes, avec les marchands). Dans une Deuxi�me Partie (�  De Paris � Chicago. Transferts de go�ts et regards propres  �), elle d�taille le contenu des collections, leur �clectisme ou leur sp�cialisation, leur mise en sc�ne dans l�intimit� des int�rieurs. Dans la Troisi�me Partie (�  De la collection � la donation  : les collectionneurs et le mus�e  �), elle examine les modalit�s, les contenus et les motivations du don au mus�e. C�est l�occasion d�analyser les dispositifs juridiques et institutionnels qui opposent la France aux �tats-Unis  : les mus�es fran�ais sont majoritairement des institutions publiques  en outre, �  la famille, reconnue par le Code Civil, est au c�ur du syst�me juridique, ce qui rend les r�gles testamentaires beaucoup moins favorables qu�aux �tats-Unis  �, o�, au contraire, �  le droit de fonder prime sur le droit des h�ritiers  � et encourage le m�c�nat priv� des �lites locales (p.  167-168). V. Long d�taille aussi la nature des objets donn�s, le conservatisme somme toute similaire des deux mus�es, et les strat�gies subtiles de contournement de quelques collectionneurs pour faire accepter leurs dons d�art moderne (Gustave Caillebotte en 1894, Jacques Doucet en 1921  la donation en argent de Joseph Winterbotham � l�Art Institute en 1921, orient�e vers l�achat de toiles contemporaines). Quant aux motivations des donateurs (patriotisme national dans une p�riode d�intense concurrence des nations, civisme urbain qui favorise la ville de naissance ou d�adoption, volont� de combler les lacunes d�un mus�e � finalit� �ducative, d�sormais con�u comme un dispositif essentiel dans l�institution de la culture), elles s�expliquent aussi par l�existence du contre-don symbolique que constituent l�inscription du nom sur un cartel, l�affection d�un espace d�termin�, et tout ce qui contribue � la publicit� du don, �  relay�e par la presse et les guides touristiques  � (p. 205). Les dons, vivement encourag�s par les administrateurs des mus�es comme principe m�me de leur fonctionnement aux �tats-Unis, ou pour pallier aux d�ficiences de leur financement en France, ont finalement des cons�quences paradoxales, surtout lorsqu�ils sont assortis de clauses contraignantes de pr�sentation  : �  Comme d�autres mus�es europ�ens et am�ricains, le Louvre et l�Art Institute sont pratiquement menac�s d�asphyxie dans l�entre-deux-guerres, du fait de l�afflux des donations, de l��troitesse des salles h�rit�es du XIXe si�cle et des exigences d�une mus�ographie moderne  � (p.  211).

L�ampleur de l�enqu�te, la quantit� et la diversit� des archives d�pouill�es (voir la liste des Sources et l�Index des collectionneurs donateurs qui cl�t le volume), fait aussi la richesse de ce travail, constamment illustr� de r�f�rences pr�cises � tel ou tel parcours individuel, mais qui tendent parfois � atomiser la r�flexion. L�ensemble n�en demeure pas moins une remarquable synth�se, qui s�ouvre en conclusion sur d�autres capitales culturelles occidentales, qui pose aussi le probl�me du m�c�nat industriel sur le march� de l�art contemporain, et vient m�me s�inscrire � point nomm� dans la r�cente pol�mique sur la �  mort de la culture fran�aise  �.

Dominique Pety

 

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