Ironies balzaciennes
Le d�veloppement parall�le des �tudes sur l�ironie et de la recherche en po�tique balzacienne, particuli�rement sensible depuis une vingtaine d�ann�es, a laiss� penser que le moment �tait venu de faire le point sur un sujet, maintes fois abord�, sans cesse rappel�, jamais vraiment �tudi� : le traitement par Balzac de ce trait de style qu�est l�ironie � d�signation � nuancer, sans doute. La question n�est pas une �vidence : y a-t-il � proprement parler ironie chez Balzac ? Les distinctions g�n�riques et esth�tiques, ironie, satire, humour, d�licates dans tous les cas, rel�vent sur ce corpus d�une quasi impossibilit�. Sans doute convient-il, pour aborder pleinement cette notion ambigu� de partir du moment romantique de sa mobilisation massive dans les discours occidentaux (Schlegel). La cons�cration d�une pause auctoriale du sujet, qui choisit, souvent, l�ironie pour se distinguer, pour marquer le d�tachement, la distance, et �ventuellement pour susciter le sourire critique, est l�un des fondements de la pens�e moderne de l�individu. Le trait de style d�passe alors sa ponctualit� anecdotique pour devenir le vecteur d�une morale , faite autant de refus que de subversion retorse. La perspective diachronique, � privil�gier, invite donc � penser l�ironie comme la pragmatique particuli�re d�une socio-po�tique historique, plut�t que comme une rh�torique polyvalente aux codes �tanches. Autrement dit, l�on prendra soin de replacer le discours critique balzacien dans son contexte de production : pourquoi l�ironie � ce moment-l� de l�histoire, de l�histoire du roman ? devenir de l�ironie, r�gles et mod�les de l�ironiste, etc. Sans pour autant n�gliger les objets du discours ironique (femmes, provinciaux, mondains, sexualit�, argent, etc.), l�on essaiera de privil�gier l��tude approfondie des mises en formes des �nonc�s ironiques dans leur prise en charge par des �nonciations ironistes : travail sur les signaux, les d�clencheurs d�ironie, ironie et humour, positionnement du sujet critique, dispositif sc�nographique, r�le particulier des clich�s et st�r�otypes, ironie argumentative, etc. Dans tous les cas, et pour d�passer la simplification d�une ironie univoquement antiphrastique, l�on se souviendra que l��tude des ph�nom�nes ironiques en r�gime litt�raire ne rel�ve pas tant � d�une po�tique des effets d�oppositions (contraires et contradictoires entre sens implicites et sens explicites) que d�une po�tique des effets de positions de certaines instances textuelles (Hamon, 1996, pp. 124-125). Dans les travaux propos�s, l�on tentera, si possible, d��viter les �tudes monographiques (du type : � l�ironie dans Illusions perdues �), tout comme l�on essaiera de ne pas aller traquer l�ironie dans les exemples les plus attendus (La Vieille Fille, bien s�r). On se souviendra que chez Balzac, l�ironie fonctionne aussi bien au niveau micro-structural (l�ironie comme trope sur un �nonc�, en particulier l��nonc� m�taphorique) qu�au niveau archi-textuel (la lettre-r�ponse de Natalie de Manerville dans Le Lys dans la vall�e, et son effet � ironie � dans un roman qui r�fute, � premi�re vue, toute possibilit� ironique). On fera la part des �critures parodiques plus ou moins ambigu�s (exemple �vident, le titre Histoire de la grandeur et de la d�cadence de C�sar Birotteau, marchand parfumeur [�], etc. ; exemple moins simple, le titre Splendeurs et mis�res des courtisanes). Et l�on prendra soin de mesurer aussi la valeur stylistique de cette �criture dans la po�tique du r�cit r�aliste. En somme, il s�agira de mesurer les usages vari�s par Balzac (d�o� le pluriel de notre titre) de pratiques �nonciatives qui sont autant de modes de repr�sentation. Indications bibliographiques :
Contact : �ric BORDAS (Universit� Paris 3) 99, rue Mouffetard � F. 75005 Paris 01.45.35.76.64 � 06.84.37.75.55 Matin�e (10 h.-12 h. 30) : Pr�sidence Roland CHOLLET . �ric BORDAS (Paris 3) : � Ironies balzaciennes � [pr�sentation de la Journ�e]. . Marie de GANDT (Paris 8) : � L�ironie romantique (1830) � [expos� g�n�ral, th�orique & historique]. . Pierre SCH�NTJES (Gand) : � �thique & ironie �. . Philippe HAMON (Paris 3) : � Autour, � partir & � propos de La Vieille Fille �. Apr�s-midi (14 h. 30 - 18 h.) : Pr�sidence St�phane VACHON . Ruth AMOSSY (Tel-Aviv) : � Fonctions argumentatives de l�ironie balzacienne �. . Anne-Marie PAILLET-GUTH (Paris 12) : � L��valuation ironique �. . Jacques D�RRENMATT (Paris 7) : � Suspensions ironiques �. . Gilles BONNET (Tarbes) : � �conomie romanesque du ridicule : le cycle de Vautrin �. |