Le XIX �me si�cle scientifique (1)

 

Chateaubriand

La Soci�t� Chateaubriand c�l�brera le bicentenaire du G�nie du christianisme par le biais d'un colloque qui se tiendra � l'Institut catholique de Paris (21, rue d'Assas, Paris 6e) les 14 et 15 novembre 2002.*

[Contact : Madeleine Therrien, Soci�t� Chateaubriand, 86, rue de la F�d�ration, 75015 Paris]

Flaubert, Maupassant

Parmi les nombreuses activit�s qu'elle propose tous les ans, la soci�t� des Amis de Flaubert et de Maupassant organise r�guli�rement des colloques. Le dernier en date �tait consacr� � Maupassant (25 mai 2002). Une partie de la matin�e avait pour th�me �Maupassant et le littoral cauchois�, la suite portait sur Bel Ami.* Rappelons qu'elle a �galement organis� un colloque sur les �uvres de Jeunesse de Flaubert (Rouen, 7-8 d�cembre 2001) en collaboration avec le Centre Flaubert de l'universit� de Rouen*.

[Renseignements et adh�sion : Daniel Fauvel, Amis de Flaubert et de Maupassant, H�tel des Soci�t�s savantes, 190, rue Beauvoisine, 76000 Rouen]

Stendhal

L'association Stendhal aujourd'hui a organis�, ces derniers mois, deux colloques � la Sorbonne, avec la collaboration de la revue HB, revue internationale d'�tudes stendhaliennes. Il s'agissait de �Stendhal et Cimarosa : path�tique et comique� (14 d�cembre 2001)* et �Stendhal/M�rim�e� (23 f�vrier 2002)*.

[Contact : D. Philippot, HB, rue de Candolle, 75005 Paris]

Centres de recherches

Art et litt�rature : XIX-XX� Si�cles

Voici le compte rendu du s�minaire �L'�crivain dans l'histoire�, du groupe de recherche �xixe-xxe si�cles : art & litt�rature� de l'universit� Marc-Bloch (Strasbourg 2), dont Gis�le S�ginger est responsable, et qui s'est d�roul� en 2001-2002 � Strasbourg. Le programme avait �t� publi� dans Dix-neuvi�me si�cle n� 34, p. 15.

Comment concilier l'engagement de l'homme et l'int�grit� de l'�crivain, de quelles fa�ons rendre compte de son �poque sans que l'�criture, apolog�tique, neutre, ou inquisitrice, ne soit soumise � l'�v�nement, comment montrer qu'Histoire et Litt�rature n'entretiennent pas n�cessairement une relation de stricte opposition? Telles sont les questions auxquelles le s�minaire a tent� de r�pondre durant l'ann�e 2001-2002.

Il appara�t tout d'abord que la vis�e programmatique propre � l'�uvre engag�e, celle dont le discours se doit d'�tre le plus directement communicable, entre n�cessairement en conflit avec deux constantes de la litt�rature : d'une part, la nature intrins�quement polyphonique de l'�criture litt�raire, r�tive � toute entreprise de simplification et d'univocit�; d'autre part, le caract�re visionnaire de l'�crivain, toujours prompt � ressurgir, et qui a pour effet de restituer une coh�rence interne � l'�clatement du sens dans le factuel.

C'est ce qui ressort d'une lecture du roman Les cloches de B�le de L. Aragon (Corinne Grenouillet, Strasbourg), dans laquelle il a �t� conjointement mis en lumi�re, que malgr� sa transparence, �l'all�gorie de l'ouvrier clairvoyant� peinait � prendre chair, et que le monologisme limpide qui doit �tre en th�orie celui du roman � th�se, ne pouvait dans la pratique parvenir au lecteur que �brouill�.

C'est �galement ce qui a pu �tre d�gag� des discours politiques de V. Hugo (Actes et paroles) dans les ann�es 1848-1851 (Gis�le S�ginger, Strasbourg II), textes par excellence tributaires de l'�v�nement, mais qui r�v�lent n�anmoins une pens�e du temps et de la politique dont la logique oriente son �volution politique et informe aussi l'�uvre litt�raire d'apr�s l'exil. Ils t�moignent surtout du statut que Hugo reconna�t � l'�crivain. Le progr�s de l'histoire se fait bien mieux par des lois, des id�es, que par la violence, les v�ritables actes sont donc des paroles, et le po�te peut �tre glorieux dans - et par - l'exil dont il fait une arme contre l'usurpateur. �thique, philosophie de l'histoire et foi entretiennent des rapports complexes dans la pens�e de Hugo dont t�moignent, dans les discours comme dans les �uvres, une continuelle h�sitation entre deux paradigmes : le progr�s et la providence.

Le Zola de La D�b�cle (�l�onore Roy-Reverzy, Strasbourg) s'apparente � ce type de configuration. Le pacte naturaliste originel de l'ouvrage, qui �tait d'apporter le d�nouement de l'histoire sociale des Rougon-Macquart en d�non�ant d'une part les travers de l'�criture �pique propre au roman historique traditionnel, d'autre part les valeurs qui lui sont attach�es, se voit peu � peu contamin� par un discours darwinien �rig� en vision philosophique, par un r�seau de r�f�rences mythologiques et religieuses particuli�rement resserr�. L'entreprise premi�re de d�mystification au moyen d'une repr�sentation carnavalesque de l'histoire verse � son tour dans l'all�gorie, dans laquelle la conception cyclique du temps, celle de l'�crivain laboureur, et la r��criture du mythe de Ca�n, permettent, en renvoyant � l'origine, de mieux comprendre l'avenir.

Bien qu'apparemment mise en veilleuse par la pression du moment, que celle-ci soit assum�e ou subie, ce qui fait le propre de la litt�rature peut ainsi, � mi-parcours, revenir en force et, l'�uvre perdant en clart� ce qu'elle gagne en chair et en vie, prendre sa revanche sur l'histoire, palliant �ventuellement ses carences et ses �checs.

� l'inverse, lorsque l'�crivain pratique, avec violence ou s�r�nit�, une �thique de la distance et cherche � pr�server l'autonomie de son �criture, c'est cette imperm�abilit�, ce d�tachement qui sont remis en cause - que le pr�sent oblige malgr� tout l'�crivain � sortir de sa retraite, ou que l'histoire apparaisse de fa�on indirecte l� o� on l'attendrait le moins.

L'attitude de Gautier (Sarah Mombert, ENS de Lyon) illustre � merveille le paradoxe d'un auteur qui peut �tre un grand �crivain du temps pr�sent sans pour autant lui consacrer une ligne explicite. Parce que l'histoire a �t� cruelle envers Gautier en l'ayant contraint � faire de son activit� une pratique alimentaire, celui-ci refuse en effet de compromettre la muse authentique en la pliant aux �v�nements. L'entreprise de miniaturisation d'�maux et Cam�es, la litt�rature Louis-treizi�me du Capitaine Fracasse et surtout l'esth�tisation de l'histoire propre aux Tableaux de si�ge et aux derniers po�mes disent bien que l'histoire est impropre � cr�er une beaut� et qu'il faut lui opposer, pour perdurer, une �uvre qui vise l'�ternit�.

L'�uvre de M. Barr�s Les D�racin�s ne pr�ne pas une �thique du d�sengagement, bien au contraire (Jean-Michel Wittman, Metz), mais l'histoire vraie n'est peut-�tre pas l� o� son auteur a voulu la placer. Parce qu'en appelant la nation au sursaut �nergique salutaire Barr�s s'�rige non �dans� mais �contre� l'histoire contemporaine dont il d�nonce les ferments d�cadents, parce que surtout son roman engage un dialogue non pas avec ses contemporains mais avec une �criture de l'histoire h�rit�e de ses ma�tres Balzac et Michelet, et qu'enfin l'�uvre a �t� r�cup�r�e par une r�ception qui l'inscrit dans un d�bat post�rieur � son �criture, l'histoire, bien qu'omnipr�sente dans le roman, ne se trouve au bout du compte sous sa forme essentielle qu'� la p�riph�rie du texte. L'histoire assum�e, explicite, celle dont Barr�s voulait faire le centre de son �uvre, tient en effet davantage de l'�tude sociologique et de la fiche naturaliste que d'une v�ritable �criture de l'histoire. Barr�s accomplit n�anmoins dans la suite du Roman de l'Energie nationale la synth�se des deux attitudes que l'�crivain peut adopter face � l'histoire, action ou contemplation, en d�peignant une �transfiguration� qui permettrait au �je� �gotiste de se fondre dans le collectif.

La relation dialectique entre histoire et litt�rature peut trouver une sorte de d�passement dans ce constat �tonnant que la �fictionnalisation� de l'histoire par la litt�rature, au besoin par une l�g�re distorsion des faits av�r�s, est en mesure de dire davantage la �v�rit� de l'histoire telle que per�ue par l'individu, que ne le ferait la simple restitution du fait observ�. C'est ce que l'on constate gr�ce � l'analyse de la r��criture successive par R. Char de l'actuel fragment 138 des Feuillets d'Hypnos (Patrick Werly, Strasbourg II). La disparition progressive de toute r�f�rence pr�cise, notamment au jeune po�te r�sistant assassin� Roger Bernard, parach�ve sur le plan po�tique le destin avort� qui fut le sien, en conf�rant un sens � sa mort, sens qui transcende l'angoisse dans le combat historique. Ainsi, la po�sie calque au mieux l'histoire �parse, atomis�e, en lui donnant une image positive, celle de la �constellation�, � la fois cr�atrice et porteuse de v�rit�.

Parce que l'histoire dans la litt�rature rencontre souvent la philosophie de l'histoire - la mise en �histoire� litt�raire restituant un sens, c'est-�-dire signification et direction, � ce qui est �pars dans le temps -, il �tait normal que la litt�rature, souvent incit�e par l'urgence des �v�nements, prenne position par rapport aux diff�rentes manifestations de cette philosophie de l'histoire (providentialisme, t�l�ologie, messianisme...), soit en les prenant � charge, soit en les combattant.

Pour des raisons historiques �videntes lorsque l'on conna�t l'histoire de la Pologne au xixe si�cle, l'�poque du drame romantique (Michel Maslowski, Nancy), repr�sent� par Mickiewicz, Scowacki, Krasinski ou Norwid, est un moment o� la philosophie de l'histoire se m�le de plus en plus � la litt�rature, sous un aspect � la fois messianique (c'est le peuple dans sa relation avec le h�ros qui est le sujet principal), et eschatologique (avec comme constante, la lutte entre la figure du diable et celle du Christ, lutte dont l'enjeu est le salut collectif). Ce paradigme, qui pr�ne la r�alisation terrestre d'universaux �thiques, trouve des �chos directs jusque dans la litt�rature polonaise la plus contemporaine.

� l'inverse, A. Camus (P.-L. Rey, Paris III) est confort� dans sa m�fiance � l'�gard de l'histoire par le spectacle des effets d�sastreux que peuvent avoir les philosophies de l'histoire lorsqu'au xxe si�cle elles se concr�tisent, lorsque l'histoire devient � son tour objet d'idol�trie. De tout cela, son �uvre se fait l'�cho. Homme de l'entre-deux constructif, mais ayant toujours la nostalgie d'un hell�nisme pr�-chr�tien, il fait le proc�s de toutes les syst�matisations rigides auquel le xxe si�cle a pli� l'histoire, et construit hors d'elles son parcours personnel, parcours litt�raire qui permet � chaque homme, �prouvant l'absurde, la r�volte puis l'amour, d'�tre � nouveau le �premier homme�.

Enfin, toutes ces interventions ont fait appara�tre dans la relation que l'�crivain entretient avec l'histoire, la pr��minence du �regard�, et le fait que ce regard est indissociable d'une id�e que l'�crivain se fait de sa mission. L'exil de l'�crivain est ainsi pour Hugo comme pour Madame de Sta�l (Florence Lotterie, Strasbourg II) l'occasion d'agencer une vision panoramique et surplombante de l'histoire, o� se donne � lire, pour la collectivit�, la promesse difficile � concr�tiser d'un bonheur cependant possible. Si les lendemains de r�volution s'av�rent d�cevants, la litt�rature aura au moins eu le m�rite d'exercer une fonction th�rapeutique, consolatrice, et de substituer � l'histoire ind�chiffrable une logique et une lisibilit� d'un autre ordre.

C'est cependant contre les travers possibles d'une histoire pratiqu�e selon des canons proprement litt�raires, histoire mystificatrice et pernicieuse que ne manqueraient pas de r�utiliser � leur profit id�ologues et politiques, que P. Val�ry met en garde (Yves Del�gue, Strasbourg II) lorsque d�non�ant la notion de �fait historique�, la nature romanesque du r�cit historique telle que pratiqu�e par Michelet, il d�finit l'histoire comme �le produit le plus dangereux que la chimie de l'intellect ait �labor�. En conformit� avec sa conception de la m�moire et du temps, l'histoire qu'il imagine � la fa�on de ses contemporains L. Febvre ou M. Bloch, doit �tre r�solument tourn�e vers le pr�sent et s'appuyer sur lui, et ainsi �chapper aux risques des mises en perspectives cavali�res et illusoires.

Il s'av�re en effet que ce qui fait la force de la litt�rature quand elle s'attache � l'histoire pourrait bien constituer �galement, pour l'�crivain comme pour l'historien, une importante prise de risque, un leurre aux cons�quences historiques n�fastes.

Le s�minaire approfondira ces pistes de r�flexion durant l'ann�e 2002-2003.

Timoth�e Picard, universit� Marc-Bloch - Strasbourg II

Centre Flaubert

Le Centre Flaubert de l'universit� de Rouen a ouvert son site depuis le 8 mai 2001, � l'adresse : http://www.univ-rouen.fr/flaubert (voir le compte rendu d'Andrew Oliver dans Dix-neuvi�me si�cle, n� 33, juin 2001, p. 126-127). Outre les mat�riaux primaires, on y trouve des th�ses en int�gralit�, des articles in�dits et la reprise en ligne de travaux critiques pr�c�demment publi�s sur papier (rubrique �Bibliographie�).

Le Centre diffuse gratuitement par courriel un Bulletin Flaubert, pr�sentant des informations concernant le calendrier des �v�nements, les ventes d'autographes et de livres, les derni�res publications, des questions de chercheurs. Les anciens bulletins sont accessibles � partir de la page d'accueil du site, qui permet de retrouver les informations regroup�es par rubriques th�matiques.

Sur le site, on peut acc�der �galement � la Revue Flaubert en ligne. Le deuxi�me num�ro porte sur les �uvres de jeunesse, �d. de Claudine Gothot-Mersch et de Guy Sagnes, Pl�iade, t. I, avec des textes de Pierre Bergounioux, Florence Emptaz, Juliette Fr�lich, Naoko Kasama, Yvan Leclerc, Christine Montalbetti, Hugues Pradier, Michel Sicard, Tim Unwin.

Parall�lement � l'�dition �lectronique, le Centre publie des ouvrages de r�f�rence sur papier, dans la collection �Flaubert� des Presses universitaires de Rouen. Le dernier volume paru, La Biblioth�que de Flaubert, pr�sente les inventaires des livres et des �tudes sur les pratiques de lectures.

Appels � contribution :

1) Le n� 3 (2003) de la Revue Flaubert traitera des nouvelles technologies appliqu�es � l'�dition et � l'�tude du texte flaubertien. Les articles seront re�us jusqu'� fin 2002.

2) Le Centre organise, en collaboration avec le d�partement d'Anglais, un colloque sur �Emma Bovary, le bovarysme et la litt�rature de langue anglaise�. Rouen, 13-14 d�cembre 2002. Les propositions de communication sont � envoyer avant le 15 septembre 2002.

[Contacts pour l'abonnement gratuit au Bulletin et pour les propositions de collaboration : [email protected]]

Histoire intellectuelle

Le s�minaire de ma�trise-DEA anim� par Mich�le Riot-Sarcey, Isabelle Tournier (Groupe de recherche Histoire intellectuelle de l'universit� de Paris 8) et Philippe R�gnier (CNRS, UMR Lire), en collaboration avec Sylvie Aprile (universit� de Tours) et Nicole Edelman (universit� de Paris X) portait cette ann�e sur Litt�rature et histoire m�l�es, le genre en question. Il s'est d�roul�, pour l'essentiel, sous forme de lectures crois�es entre historiens et litt�raires et �tait centr� sur les notions utilis�es en litt�rature comme en histoire et sur l'interpr�tation des sources dans les deux disciplines. Les s�ances se d�roulaient � la biblioth�que de l'Arsenal (1, rue Sully, Paris 4e).

[Contact : Isabelle Tournier, 41, rue du Disque, 75013 Paris - [email protected]]

Litt�rature panoramique

Comme convenu � la Maison de Balzac, le 26 janvier 2002, le groupe de recherche sur la litt�rature panoramique de l'universit� Paris 7 - Denis-Diderot a organis� une prochaine s�ance du s�minaire autour d'une conf�rence-d�bat de Karlheinz Stierle (universit� de Constance) �Paris, empire des signes ou capitale du mythe?� le samedi 23 mars 2002 auCentre Jussieu, 5, place Jussieu, 75005 Paris.

La conf�rence portera sur le livre r�cemment traduit de Karlheinz Stierle La Capitale des signes, Paris et son discours, Presses de la Maison des sciences de l'homme, Paris, 2002.

Cette manifestation s'inscrit dans le cadre des travaux de l'atelier de recherche sur �La litt�rature panoramique�, que nous avons lanc� cette ann�e en collaboration avec la Maison de Balzac, dans la continuit� du s�minaire litt�raires/historiens sur l'identit�.

Le projet est d'animer ce s�minaire au moyen de diverses journ�es d'�tude espac�es dans le temps, et li�es � des expositions � la Maison de Balzac. Le principe serait de faire le travail scientifique avant, et que les expositions, tirant profit de nos avanc�es, se fassent apr�s, avec publication dans le catalogue de ces expositions de quelques-unes de nos contributions, les plus propres � illustrer le th�me de chacune : en particulier les expos�s portant sur ce qui est le plus facilement �montrable�, les �illustrations�. Restera donc, en principe, � trouver un autre d�bouch� pour le reste de nos travaux, ce qui ne devrait pas poser probl�me.

Pour faire avancer un peu les choses, je propose que nous partions de l'hypoth�se suivante, � discuter au fil de nos prochaines r�unions.

Trois p�les successifs seraient � envisager :

1. La litt�rature panoramique, de S�bastien Mercier � Charles Virma�tre :

D'abord, prendre en consid�ration cette litt�rature que Walter Benjamin nous propose de rebaptiser �litt�rature panoramique� (ce qui est un terme g�n�rique commode, et manquant jusque l�), l'�tudier pour elle-m�me, en tant que telle, s'attacher � d�finir sa chronologie et ses diff�rentes formes, entre S�bastien Mercier et la fin du xixe si�cle. Car le paradoxe, c'est que, hors rares cas, ces �Tableaux de m�urs�, ces �Tableaux de Paris�, mais aussi ces �Physiologies�, ces �Codes�, ces �Guides�, ces �Voyages � Paris�, etc. n'ont pas �t� �tudi�s en tant que tels, mais en tant que fournissant des informations sur l'�volution des m�urs. On les a beaucoup pill�s, et relativement peu �tudi�s. Il ne s'agit pas l� d'opposer une saisie de �litt�raires� � une saisie d'�historiens�, mais de prendre en compte, de mani�re objective, le d�ploiement extraordinaire dans l'histoire litt�raire de ce pan de litt�rature (ou de �para-litt�rature� si l'on veut), dont la Bibliographie parisienne de Paul Lacombe donne un t�moignage visant � l'exhaustivit�.

En partant de deux angles diff�rents mais compl�mentaires, c'est dans ce registre que se sont faits les expos�s que nous avons d�j� entendus dans le s�minaire (Marie-�ve Th�renty et Judith Lyon-Caen/Dinah Ribard); c'est sur ce sujet que porte aussi la premi�re moiti� du livre de Karlheinz Stierle.

2. Paris, ville-spectacle :

Un second p�le de recherches et aussi le th�me d'une autre journ�e d'�tudes (ou d'un peu plus...) consisterait � s'attacher � la probl�matique urbaine. Contestant en partie la pertinence de l'�lection du �passage� par Walter Benjamin comme lieu embl�matique de la ville (en tout cas pour ce qui concerne l'avant 1850), Karlheinz Stierle pr�f�re faire passer l'axe (imaginaire) de la ville � l'�poque de Balzac au carrefour de ces deux figures diversement modernes : le fl�neur et l'omnibus. La discussion ce point s'annonce passionnante et devrait �tre �largie. On pourrait peut-�tre la recentrer autour de la double probl�matique suivante : l'id�e que le Paris du xixe si�cle est � la fois un lieu de passage, de mutations, mais aussi un lieu qui se met en sc�ne, qui s'offre en spectacle, qui se construit dans une logique de repr�sentation, cela en particulier, sous l'influence des n�cessit�s du d�ploiement visuel de la marchandise. Ce qui nous inviterait � essayer de comprendre le �Paris en spectacle� selon la double logique du montr� et du cach� : il y a, d'une part, ce qu'on exhibe, ce que les tableaux de Paris visitent sans cesse (le Palais-Royal, les passages, les Panoramas, les jardins, etc., lieux incontournables d'un Paris-de-convention, dont les figures �voluent d'ailleurs au cours du temps) et le �Paris inconnu� (Privat d'Anglemont), celui des �gouts, de la morgue, de la nuit, des �filles�, des halles, qui acc�dent cependant, � mesure le xixe si�cle avance, � une visibilit� compensatrice.

3. La litt�rature panoramique et la transformation des identit�s :

Enfin, un dernier champ de recherches devrait consister � reprendre le fil conducteur initial du s�minaire, celui des mutations identitaires dont ces �Tableaux de m�urs� et ces �Physiologies� sont, au m�me titre que le roman contemporain (en particulier balzacien), � la fois des observateurs et des �manipulateurs�. Car c'est bien de cela qu'il s'agit, en fait, de transformer en catimini le jeu social sous pr�texte de lui tendre le miroir. Il s'agirait donc d'�tudier cette fois le tableau des identit�s mouvantes, en crise, que nous pr�sentent ces divers ouvrages le plus souvent collectifs; de voir comment ils s�lectionnent des vedettes de la �com�die sociale� (le gamin, la grisette, l'�tudiant, le rapin), �doublonnent� sur des �types� � la mode, quitte � laisser dans l'ombre d'autres pans du tissu social. Il s'agirait aussi d'�tudier quelle vision socio-historique d'ensemble anime ces d�coupages. Et de prendre en consid�ration l'histoire de ces repr�sentations, en partant de Mercier jusqu'� la fin du xixe si�cle.

Ce qui pourrait donner lieu � des expositions et des r�flexions particuli�res sur divers types particuli�rement pr�sents et devenus l�gendaires (les femmes, les �sc�nes de la vie de boh�me�, Sa Majest� le Bourgeois, par exemple).

Bien s�r, ce ne sont l� que des propositions, pour acc�l�rer le d�bat que nous devrons avoir dans nos prochaines s�ances de s�minaire, avec l'id�e de pr�parer une premi�re manifestation collective dans le courant du premier semestre 2003.

Quant � ceux qui sont int�ress�s par ces th�mes de recherche, je les invite � m'adresser commentaires et propositions de participation � l'adresse �lectronique suivante : [email protected]

Jos�-Luis Diaz

  Haut de la page