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22-23 juin 2007Maison de Balzac47, rue Raynouard, 75016 Paris |
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Vendredi 22 juin 2007 |
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Matin |
Apr�s-midi |
Aux origines de l'analytiqueSous la pr�sidence de Jacques Neefs
L'�criture analytique
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La saisie du r�elSous la pr�sidence de Jo�lle Gleize
Table ronde : Les voies de l'analytique
17h30 : Cocktail |
Samedi 23 juin 2007 |
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Matin |
Apr�s-midi |
Entre discours et fictionSous la pr�sidence de Roland Chollet
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L'analytique en perspectiveSous la pr�sidence de Cathy Nesci
17h15 : cl�ture des journ�es d'�tudes |
R�sum� des communicationsElisheva Rosen (Universit� de Tel-Aviv) Les Etudes analytiques ou la tentation de la monographie. Quelle que soit l�extension que l�on conf�re � la cat�gorie, en bonne partie virtuelle, des Etudes analytiques, il est au moins un trait commun aux textes qui la constituent ou qui s�y apparentent. Ils rel�vent tous d�une approche monographique souvent express�ment affich�e par le titre (Monographie de la Vertu, Monographie de la Presse) ou indiqu�e par un jeu de renvois (dans le cas de la Physiologie du mariage, par exemple). On interroge volontiers le rapport entre les Etudes analytiques et les autres textes qui entrent dans la composition de la Com�die humaine sous le signe du clivage entre l�essai et la fiction et de ses multiples variations. Mais qu�advient-il de ce partage lorsqu�on l�examine � l�enseigne de la monographie qui s�accommode aussi bien de l�essai que de la fiction? Le d�placement de la question, on essaiera de le montrer, devrait permettre d�infl�chir la lecture et l�interpr�tation du statut des Etudes analytiques dans la Com�die humaine. Il implique de prendre acte aussi bien de l�emprise que de la mise � distance de la monographie dans le projet balzacien. Il invite � une confrontation des textes ax�e sur les mani�res divergentes de produire et de g�rer cette tension qui, dans les Etudes analytiques, s�affiche avec une visibilit� provocatrice. Il engage enfin � interroger les enjeux de la modulation de cette tension �nigmatique, des enjeux qui ne se con�oivent v�ritablement qu�en regard de l� �effet Com�die humaine�. �ric BORDAS (Universit� Paris III) PO�TIQUE DE L�ANALYTIQUE OU STYLE DE L�ANALYSE ? L�analyse, d�finie comme un geste d�intellection et de compr�hension pris en charge par un certain mode de discours, rel�ve-t-elle, dans les romans de Balzac, d�une po�tique du texte ou d�un style de langue, ou des deux � la fois ? En langage clair, y a-t-il des textes analytiques, isol�s, isolables, dans une narration romanesque par rapport � laquelle ceux-ci fonctionneraient comme des digressions de forme et de contenu ? Ou bien y a-t-il une certaine qualit� d��nonciation qui d�signe comme analytique un �nonc� quelconque, selon des crit�res langagiers ? L�analyse est-elle dans la langue du discours, ou dans l�organisation du r�cit ? Brigitte Diaz (Universit� de Caen) Balzac, Stendhal : l�analytique en question Pourquoi rapprocher Balzac et Stendhal sur le terrain de l�analytique ? D�abord, parce que la r�ception critique contemporaine a fait de la facult� d�analyse le trait d�union entre ces deux �crivains reconnus par ailleurs comme tr�s diff�rents. La critique du XIXe si�cle les a volontiers amalgam�s en leur accordant cette �gale qualit� d��tre l�un comme l�autre des observateurs perspicaces et des analystes sans concession de l�humain sous toutes ses faces. Une qualit�, d�ailleurs, consid�r�e alors par beaucoup comme un d�faut : � trop fouiller au scalpel les nouvelles plaies sociales et � force de mettre � nu la pathologie du si�cle, ils produisent une v�rit� un peu trop �pre qui d�range le bien pensant litt�raire et d�senchante le lecteur. Une seconde raison est qu�ils ont eu eux-m�mes conscience d�appartenir � une m�me �cole, celle pr�cis�ment du d�senchantement, ainsi nomm�e par Balzac qui r�unissait sous cette �tiquette, Le Rouge et le Noir et La Physiologie du mariage, y flairant le g�nie de l��poque mais aussi la senteur cadav�reuse d�une soci�t� qui s��teint. Et ce d�senchantement est bien le produit de la n�gativit� critique propre � leur d�marche analytique. M�me tropisme, chez l�un comme chez l�autre, pour l�auscultation des �mes, l�anatomisation des passions, la chimie des sentiments ; m�me propension au � d�taillement � et au � d�taillisme �, principe de base de leur saisie r�aliste du monde ; m�me attraction pour ces genres litt�raires border line, essais, trait�s psychologiques, physiologies� qui constituent pr�cis�ment le fonds de ce qu�on appellera avec Balzac les � �tudes analytiques �. Tous deux enfin sont entr�s en litt�rature par la porte de l�analytique. Bien longtemps, en effet, avant qu�ils ne songent m�me � devenir romancier et alors qu�ils programmaient des ambitions bien plus hautes, ils ont cherch� � se doter d�une science de l�homme sur laquelle b�tir une �uvre, que l�un comme l�autre imaginaient au d�part plus philosophique que romanesque. Il y a chez l�un et chez l�autre une p�dagogie de l�analytique qui a ses r�gimes et ses programmes propres. La passion analytique fut pour ces deux fondateurs du roman moderne le moteur m�me de la cr�ation et la prop�deutique � toute l�entreprise litt�raire. Mais c�est aussi le d�cri, ou le d�senchantement de cette posture analytique que les deux �crivains ont v�cu, selon des intensit�s diverses et � des moments diff�rents de leur carri�re. Les limites de l�analytique, Stendhal les a jug�es trop contraignantes et surtout appauvrissantes. On pourrait dire que ces limites, il les a abolies par d�faut, par l�euph�misme, l��conomie, l�estompe, la nudit� du d�tail, tandis que Balzac, lui, les a d�pass�es par l�exc�s, par la prolif�ration, la surench�re, le surinvestissement s�miotique du d�tail� Mais qu�ils se situent en de�� ou del� de l�analyse, ils la mettent en question et en proc�s. Et de ce proc�s (� tous les sens du mot) de l�analytique sont n�es des po�tiques du roman parentes, mais radicalement diff�rentes. Aude D�ruelle (Universit� de Nice) Le narratif � l�essai : De la Physiologie du mariage aux Petites mis�res de la vie conjugale Pourquoi le projet des �tudes analytiques perdure-t-il, malgr� la quasi-absence de son effectuation, et alors que le d�sir de th�orisation peut s�accomplir au sein m�me de la fiction ? Au lieu de dissocier l��criture analytique du reste de l��uvre romanesque, on peut formuler l�hypoth�se suivante : en quoi ces �tudes constituent-elles une exploration du narratif ? de ses r�les, de ses enjeux, de ses formes, de ses limites, de ce qu�il est et de ce qu�il n�est pas ? En effet, si les �tudes analytiques se pr�sentent comme des trait�s, le narratif n�en est pas pour autant absent. Cette hypoth�se permettrait d�expliquer que Balzac ait, pour citer Catherine Nesci, � conserv� �au fa�te� de la somme romanesque une �uvre d�une discursivit� pour le moins probl�matique �. On s�attachera � deux corpus, la Physiologie du mariage et les Petites mis�res de la vie conjugale, c�est-�-dire � deux textes qui, quoique portant sur le m�me sujet, sont bien diff�rents : l�un est �crit avant l�entreprise romanesque balzacienne, l�autre alors que La Com�die humaine se monumentalise. Ainsi, si, dans la Physiologie du mariage, le narratif se cantonne � des r�les traditionnels (exempla, anecdotes), dans les Petites mis�res de la vie conjugale figure une v�ritable exploration du narratif en dehors du cadre romanesque, comme si Balzac avait eu besoin de cet espace de libert� que lui offrait l�analytique : que ce soit par l�usage du pr�sent ou par l�instabilit� du r�f�rent, par le refus de la chronologie, ce livre para�t bien �tre une tentative de faire imploser les limites dans lesquelles est saisi le genre romanesque � sous sa forme r�aliste notamment. Au lieu de privil�gier la coh�rence de l�intrigue et la coh�sion du texte, d�ancrer le personnage dans un statut social et une psychologie clairement d�finis et �tablis, les Petites mis�res visent � ouvrir l��ventail des possibles, � raconter, mais sans raconter une histoire particuli�re. Comme le dit Jacques Neefs, � l�analytique n�est pas cantonn� aux seules � �tudes � du m�me nom. Il est aussi une qualit� de vis�e, de �coup d��il ��, r�pandue dans l�ensemble du narratif balzacien � (� Les trois �tages du mim�tique dans La Com�die humaine �, in Balzac. �uvres compl�tes. Le � Moment � de La Com�die humaine, p. 154). Catherine Nesci, � Mimesis ou autor�f�rence : les apories des �tudes analytiques �, in Balzac, �uvres compl�tes. Le � Moment � de La Com�die humaine, p. 158. Sandra J.-Collet (Universit� de Valenciennes) Th�orie balzacienne de la voix : des Etudes analytiques � La Com�die humaine Parmi les objets explor�s par Balzac dans le cadre d�un processus analytique, la voix occupe un statut � part ; stimul� peut-�tre par le vide qu�a laiss� sur ce point la Physiognomonie de Lavater, Balzac a eu l�ambition de fonder une � phono-gnomonie �. Il en expose les principes dans certaines �tudes analytiques, avant de l�utiliser de mani�re quasi-syst�matique dans le corpus romanesque, o� elle constitue un outil pour la description des personnages et la perception des corps. On souhaiterait d�abord �tudier comment cette � phonognomonie � s�est �labor�e en discours scientifique dans le cadre des �tudes analytiques. Il semble que ces derni�res �chouent � en livrer une pr�sentation convaincante : en effet, Balzac mentionne un projet d��conomie et nomenclature des voix, qui aurait vraisemblablement �t� consacr� � la pr�sentation des principes de cette science nouvelle ; mais ce projet n�a finalement jamais vu le jour. Pourtant, un autre texte analytique permet de reconstituer en grande partie les conclusions probables de cet ouvrage avort� : en effet Balzac, dans la Th�orie de la d�marche, fonde toute sa r�flexion sur une analogie entre le rapport liant la d�marche au corps et le rapport de la voix et de la pens�e, et la voix y occupe une place, sinon centrale, du moins importante. Faut-il conclure � un �chec de l�analytique en la mati�re ? On ne peut que constater que l�analytique ne permet pas d�aborder directement le sujet, et que Balzac se voit contraint � une strat�gie de d�tournement, ou de contournement. En r�alit�, c�est surtout dans le corpus romanesque de la Com�die humaine que la th�orie balzacienne de la voix va progressivement s��riger en science : en quoi la posture �nonciative de l�analyste, teint�e d�ironie et de bouffonnerie, a-t-elle pu contribuer � cet �chec relatif de l�analytique ? On tentera de r�pondre � cette question, en �tudiant les implications de ce changement de registre, de l�analytique au romanesque, ainsi que les modifications qui affectent le discours scientifique que Balzac utilise, sans �tre r�ellement parvenu � le construire en tant que tel. Pierre Laforgue (Universit� de Besan�on) Analytique de la fiction Non pas la fiction � l��uvre dans l�analytique, mais l�analytique de la fiction : comment l�analytique travaille la fiction, l�investit, comment la fiction est soumise � une �criture de l�analytique. L�analytique est appr�hend� ici � travers les physiologies que Balzac �crit au d�but des ann�es 1830 et � la fin de ces ann�es 1830. Deux r�gimes d��criture du physiologique bien diff�rents entre eux : petites pochades, croquis, caricatures/monographies de grande ampleur, qui d�bouchent sur l��criture de deux romans physiologiques : Les Petits Bourgeois et Les Employ�s. Le fil rouge de cette �tude est le rapport entre physiologique et romanesque. Le physiologique est rep�rable dans les premi�res Sc�nes de la vie priv�e, dont un certain nombre de nouvelles apparaissent comme des physiologies ; par la suite le physiologique s��tend, selon de multiples modalit�s, � la production romanesque dans son ensemble. Les deux � romans physiologiques � montrent pour leur part combien il est probl�matique pour Balzac de conjuguer physiologique et romanesque, dans cette difficult� s��prouvent les limites d�une entreprise qui consiste � � penser par la fiction � (J. Neefs), pour offrir une physiologie de la France post-r�volutionnaire. Laurence Sieuzac (Universit� Paris IV) � L�esprit du chiffon � : po�tique de l��l�gance et �l�gance de la po�tique balzaciennes Aussi n�est-ce pas tant le chiffon en lui-m�me que l�esprit du chiffon qu�il faut saisir. Trait� de la vie �l�gante (1830) Aussi n�est-ce tant pas la vie �l�gante en elle-m�me que la m�taphorisation de la po�tique balzacienne qu�il faut saisir en lisant ce trait�, du dandysme anecdotique et parodique qui sert de point de d�part � l�analytique � sa diss�mination dans le romanesque. Proc�dons � une d�clinaison s�mantique du terme � chiffon � : elle nous permettra de d�plier le tissu probl�matique. Le chiffon d�note un bout de tissu de peu de valeur ; il peut connoter l�insignifiance de cet � art des riens � que sont les Trait� de la vie �l�gante, Th�orie de la d�marche et Code de la toilette. Le chiffon est aussi ce qui efface comme l�esprit de d�rision qui mine le s�rieux structurel de ces �crits et tiraille le tissu du textedont les coutures grincent. L��l�gance est inn�e et doit viser � l�unit�, scandent les axiomes, fil rouge des trait�s. Or, anobli en blason po�tique, le chiffon m�taphorise la rature, la d�chirure, l�accroc, cet impens� du texte qui fait t�che et qui fait sens et l� serait l��l�gance chiffonn�e de la po�tique balzacienne, dans ces bourrures et ces coutures. Les trait�s analytiques apparaissent alors comme des laboratoires o� l�alchimiste peaufine la mati�re de son �uvre et tire l�or de sa gangue. Galeries aux Bois du romanesque, ils seraient des espaces g�n�siques o� l��l�gantologiste faufile le revers du romanesque � moins que le romanesque ne soit la doublure de l�analytique. Car le chiffon est aussi ce qui estompe et ce qui diss�mine et la lecture en contrepoint de ces Trait�s et des Illusions perdues nous guidera dans notre enqu�te sur cet � art des riens � qui se r�v�lent des s�maphores �pist�mologiques et herm�neutique. Jacques Neefs (Paris 8 et Johns Hopkins University) Gestes, postures et tournures Les r�cits balzaciens construisent en partie leur lisibilit� sur l�identification des gestes, des attitudes, des mouvements, et de la disposition des corps. Construire et exp�rimenter les lois du singulier demande des modalit�s analytiques singuli�res quant � ce que � r�v�le � le mouvement des personnes et la visibilit� des caract�res. Qu�est est-il de la f�condit� narrative des � physionomies � et de la science romanesque de leur reconnaissance ? On s�attachera particuli�rement � La Th�orie de la d�marche, mais aussi � quelques exemples de � physionomies � expressives qui surgissent en nombre dans La Com�die humaine. Jo�lle Gleize (Universit� de Provence) Balzac analytique : une g�ne technique � l'�gard des fragments En me fondant en priorit� sur Pathologie de la vie sociale, je voudrais m�interroger sur le caract�re discontinu, voire fragmentaire de l��criture analytique et sur sa probl�matique sp�cificit� : comment Balzac joue avec les mod�les moraliste et journalistique, et maintient en tension le discursif et le fragmentaire, le trait� et l�aphorisme, l�argumentation et l�anecdote, pour tenter d�allier ce qu�il nomme abstraction et sp�cialit� dans une posture mixte, savante et folle. Helle Waahlberg (Universit� d�Oslo) Explorations de la ville : vers une � monographie du Parisien � N�e du journalisme, �voluant avec la litt�rature panoramique et annon�ant la sociologie, l��criture balzacienne de la ville de Paris constitue un lieu privil�gi� pour �tudier l�� analytique � de La Com�die humaine. Car si des qualificatifs comme Balzac � arch�ologue � ou � urbaniste � appartiennent � la critique qui tente de th�oriser la diversit� l��criture de Paris, la ville fait �galement objet d�une th�orisation au sein de l��uvre. Nous proposons de consid�rer l��criture de la ville comme analytique quand elle se d�tache du r�cit pour s�orienter vers l��tude du Parisien en tant que figure g�n�rique. L�exemple le plus abouti de cette th�orisation sera donc l��tude de � la cause g�n�rale � des � Physionomies parisiennes � du d�but de La Fille aux yeux d�or, pr�figurant l�analyse sociologique des m�urs urbaines propos�e par Georg Simmel dans La grande ville et la vie de l�esprit. A partir de la lecture de ce passage exemplaire, nous verrons comment La Com�die humaine compose, par fragments analytiques, � la monographie du Parisien � �voqu�e dans Madame Firmiani. G�rard Gengembre (Universit� de Caen) � La toilette est l�expression de la soci�t� � : analyse et id�ologie dans le Trait� de la vie �l�gante Dans l��dition de la Biblioth�que de la Pl�iade, l�introduction de Rose Fortassier aux textes constituant la Pathologie de la vie sociale montre bien que le Trait� de la vie �l�gante d�crit un monde �l�gant id�al et un �tre mondain tout aussi id�al, pens�s dans le cadre d�une soci�t� r�volutionn�e. On tentera ici de mettre en rapport cette description, une de ces v�ritables �tudes sociales, o�, comme le sugg�re Patricia Baudouin, analytique et politique se conjuguent, avec une repr�sentation id�ologique de la soci�t�, avec une doctrine pr�nant une adaptation r�fl�chie, m�thodique, militante � la nouvelle configuration des rapports sociaux, cette doctrine reposant elle-m�me sur une conception moderne de l�homme social oppos� � l�Homme individuel abstrait. Patricia Baudouin (Universit� Paris 8) Analytique et politique : �tudes d�une soci�t� r�volutionn�e, ou comment penser le genre analytique dans l�histoire Si l�on veut comprendre pourquoi, � partir des ann�es 1820, se mettent � fleurir trait�s, codes, th�ories et autres physiologies du temps, il faut mettre en rapport l��mergence de l��criture analytique et la situation sociale et politique de la France post-r�volutionnaire. Produits mais aussi reflets de leur temps, ces ouvrages apparemment frivoles r�pondent � un besoin � la fois individuel et social : tout en se pr�sentant comme des guides de la vie en soci�t�, codes et arts apparaissent comme des manuels du chacun pour soi, des br�viaires de l�individualisme triomphant. Entre vulgarisation et �litisme, ils �dictent � l�intention de la bourgeoisie conqu�rante les normes qui doivent lui permettre de l�gitimer sa domination, et partant de conforter les hi�rarchies sociales. Mais dans cette France r�volutionn�e, il s�agit aussi de recr�er des cat�gories, de fixer les classes pour retrouver un semblant d�ordre social. C�est un des objets des �tudes sociales qui se multiplient dans les ann�es 1830 et 1840 : apr�s le temps des Codes vient en effet celui des portraits, physiologies et monographies, dont l�ambition affich�e est de d�chiffrer le monde, mais qui en r�alit� en offrent une vision superficielle, atomis�e et aseptis�e. Au sein de cette production dont il est partie prenante, Balzac analytique pose un regard singulier sur la soci�t� contemporaine. Loin de s�en tenir comme ses confr�res � la surface des choses, il fait voir pour faire penser. Quand la plupart des physiologistes se contentent de passer en revue des figures pittoresques, Balzac situe les types dans un ensemble o� ils prennent sens et pose � ses lecteurs les questions qui d�rangent − au premier chef la question sociale. Derri�re l�amuseur pointe l�anthropologue d�sireux de conna�tre les hommes, le sociologue qui cherche � comprendre le r�el social et le politique qui met � jour les rouages du pouvoir. |